Contexte Historique
De l'importance du contexte historique dans la compréhension des situations
Sur le plan National : Le contexte historique est important pour comprendre la généalogie des familles comme le montrent les exemples qui suivent :
Cas n°1 : 1927 - Marie Rose
Un document dit que Marie Rose a été réintégrée dans la Nationalité Française le 30-3-1927.
Pourquoi l'avait-elle perdue ? Qu'avait-elle bien pu faire ? Condamnation ? Justice ?
La réponse s'est imposée en travaillant sur l'évolution historique des droits de la femme :
« Toute femme Française qui épousait un étranger, perdait automatiquement sa nationalité au profit de celle de son mari. » :
Marie Rose avait tout simplement épousé un Espagnol. En conséquence, leurs enfants prenaient la nationalité du mari et elle n'avait plus accès à certains métiers comme le fonctionnariat, l'enseignement ...
Cette loi a été abrogée en 1927 (En Suisse, ce ne sera qu'en 1952 !) .
Pour information : En France, si les femmes peuvent conserver leur nationalité Française dans le mariage dès 1927, elles restent toujours ''mineures juridiques '' sous tutelle d'abord de leur père puis de leur mari toute leur vie.
Elles ne pourront voter qu'en 1945 et, surtout :
elles ne pourront TRAVAILLER, OUVRIR un compte en banque, SIGNER un chèque, GERER leur héritage et leurs biens SANS L'AUTORISATION DU MARI qu'en 1965 !!
Cas n°2 : 1941 - Antoine (Antonio),
Italien arrivé enfant avec ses parents, naturalisé Français à la fin des années 20.
En 1932, il épouse une Française qui travaille aux PTT, et ils ont 3 enfants.
Antonio est mort à la fin des années 50 après avoir été chef d'une entreprise qu'il a créée après la guerre.
A la suite de la demande aux Archives Nationales du dossier de naturalisation , le dossier reçu comporte une trentaine de pages et beaucoup de renseignements très intéressants : adresses, métiers … Il est décrit comme travailleur, sérieux, et sa naturalisation ne pose aucun problème.
Il a accompli son service militaire dans l'Armée Française et a été mobilisé en 1939 à la Déclaration de guerre.
En 1941, un courrier administratif indique sa Déchéance de Nationalité aux motifs suivants : ''On dit que [ … ] un homme peu recommandable, alcoolique, violent, ne travaillant pas et vivant aux crochets de sa femme''. L'expression ''On dit que'' qui introduit ces renseignements les rend de fait fallacieux.
Rappel du contexte historique : nous sommes en 1940-1945, en France occupée par l'Allemagne nazie et gouvernée par le Régime de Vichy (Pétain). De ce point de vue, la situation apparaît sous un autre angle :
Dès 1940, avec de nombreuses lois successives sur la Nationalité, le régime de Vichy a dénaturalisé plusieurs milliers de personnes d'origines étrangères (Italiens, Polonais, Espagnols, Arméniens, Suisses, Autrichiens, Belges et autres pays européens) : ils furent interdits de travail, parfois mis dans des camps avec femmes et enfants (type Les Milles, Rivesaltes, etc...)
Les ARCHIVES NATIONALES ont numérisé et mis en ligne tous ces dossiers dans le chapitre : '' Les Dénaturalisés de Vichy ''.
En 1944, à la fin de la guerre, ce décret a été annulé et toutes les personnes déchues de la Nationalité Française ont retrouvé automatiquement leur situation antérieure sans démarche administrative de leur part.
Cela explique peut être, le peu de transmission orale de ces faits dans les familles toutes à leur joie de retrouver la paix et vouloir oublier les jours sombres.
Nous avons là deux situations de perte de Nationalité à seulement 14 ans d'intervalle dont les causes originelles directement liées au contexte historique sont totalement différentes et nous éclairent sur la compréhension à en avoir.
Line WISSER