Saint-Hippolyte devient une commune en 1790
Saint-Hippolyte, au pied de la colline du Graveyron et protégé par les Dentelles de Montmirail était un fief et une paroisse indépendante.
Lorsque Etienne de Vesc, déjà seigneur de Caromb, rachète ce fief en 1488, il scelle un même destin aux deux villages. Saint-Hippolyte devient alors un quartier de Caromb, géré par ses seigneurs.
En épousant François d'Agoult, en 1554, Jeanne de Vesc fait passer la seigneurie de Caromb dans une très ancienne famille méridionale, les Agoult de Sault.
La seigneurie de Caromb échappe au détournement de fortune de Chrétienne d’Aguerre, une épouse de Louis d’Agoult qui voulait faire passer ce fief à son fils d’un premier mariage, Charles de Créquy. Les Agoult-Montrevel font procès et récupère ce fief en 1611. La famille de la Baume-Montrevel le conservera pratiquement jusqu’à la Révolution.
Mais, à cette époque, les affaires municipales sont de plus en plus traitées directement par la communauté.
Il y a quelques disputes sur le montant de la taille avec les voisins qui possèdent des terres à Saint-Hippolyte, en particulier avec ceux du Barroux, et cela débouche sur un procès en 1669. On s’arrange à l’amiable.
De 1740 à 1743, une affaire entre Caromb et Saint-Hippolyte ramène des disputes. On vient juste de terminer un procès au sujet de la résidence du curé de Saint-Hippolyte, pour lequel les populations étaient solidaires, lorsque démarre un autre procès, contre le prieur de Saint-Hippolyte cette fois, afin de le remplacer par un vrai curé. Ce "cumulard" de postes ecclésiastiques est chanoine de Saint-Siffrein à Carpentras, prieur de Saint-Hippolyte et de la Roque-Alric. Il a la mauvaise idée de réclamer aux habitants de Saint-Hippolyte de payer la dîme sur tout : le blé, le seigle, les légumes, l’huile, le vin, le foin, les noix, les amandes, les feuilles de mûrier, le safran, les jardins, les arbres fruitiers, les abeilles, la laine de mouton, les fromages, bref sur tout ce qui rapporte quelques sous. Caromb, sentant le danger pour ses propres revenus, déclare que Saint-Hippolyte est une paroisse et un fief séparé, ayant son propre seigneur et ses propres officiers.
Les quelques Carombais qui ont des terres à Saint-Hippolyte n’apprécient pas, protestent sur ce “lâchage”, demandent que Caromb prenne fait et cause contre la nouvelle tyrannie du prieur et rappellent la récente solidarité qui unissait les deux communautés pour demander un vrai curé.
Rien n’y fait : le conseil refuse sous prétexte qu’un contentieux existe encore au sujet des bestiaux de Saint-Hippolyte et des dégâts non réparés sur le terroir du village. On débute un procès, puis on préfère discuter des indemnités que Caromb pourrait recevoir, en échange de sa solidarité.
Quelques-uns, de Saint- Hippolyte, ne sont pas d’accord. Une réunion commune avec une délégation, mais sans les “malfaiteurs”, permet de s’entendre. Les réclamations du prieur doivent rester lettre morte. L’administration pontificale calme les esprits et décide que le vicaire de Caromb doit aussi s’occuper de Saint-Hippolyte.
Le procès, a laissé une certaine rancœur entre les deux communautés.
En août 1738, l’évêque de Carpentras supprime la procession annuelle de Caromb à Saint-Hippolyte qui est l’occasion d’un bon repas. Le conseil de Caromb n’ayant pas été consulté annule cette décision.
Bref, vous l’avez compris, tout est sujet à disputes : querelles à propos des cueillettes, du glanage, des pâtures du bétail et de leur passage sur les chemins communaux, du montant des amendes et de la répartition des taxes seigneuriales…
Il ne faut pas s’étonner si les habitants d’Hippolyte-lès-Caromb le nom révolutionnaire pensent à leur indépendance.
La Révolution justement, leur donne l’occasion : une nouvelle loi autorise la création d’une commune, si au moins 20 citoyens actifs le demandent (sont citoyens actifs les possédants et propriétaires).
Le conseil d’Aubignan est chargé d’enquêter : il dénombre 22 chefs de famille souhaitant leur indépendance. Evidemment, Caromb s’oppose à cette séparation, mais l’Assemblée représentative du Comtat autorise la création de la commune.
Ainsi, Caromb perd environ 494 hectares.
Saint-Hippolyte devient commune en 1790.
D’après les archives municipales de Caromb, sous l’ancien régime.
Jean GALLIAN Mars 2024